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[🇫🇷] En France, la tentation d’un « corridor de prix » pour le carbone

Published on 12 May 2022

Depuis quelques mois, les prix du carbone s’emballent sur le marché européen. Une situation qui remet sur la table l’idée d’un prix plafond, après des années de prix bas ayant suscité le soutien à un prix plancher.

En France, près de 1 000 installations industrielles sont concernées par le marché du carbone. Elles bénéficient de quotas les autorisant à émettre une certaine quantité de CO2. Au-delà de cette quantité, elles doivent acheter des quotas supplémentaires sur le marché européen du carbone, tout comme d’autres entreprises en Europe.

En place depuis 2005, ce Système communautaire d’échange de quotas d’émission (SCEQE) a pour but d’inciter les grands industriels à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Dans cette optique, le nombre de quotas alloués diminue également chaque année, entraînant par effet collatéral une augmentation du prix du carbone. 

Mais alors que le prix du CO2 se languissait en dessous des 10 euros la tonne, les cours se sont envolés. Entamée en 2018, la remontée des prix a atteint des records inattendus. En décembre 2021, le prix de la tonne de CO2 sur le marché européen était de 80 euros ; en février 2022, il a frôlé les 100 euros.

Les conséquences ont rapidement été ressenties du côté des électriciens, grands consommateurs de quotas de CO2.

« Récemment, un fournisseur d’énergie électrique polonais m’expliquait que les coûts du carbone représentaient 60 % du coût de son électricité en sortie d’usine » détaille Sébastien Postic, chef de projets Finance publique, Développement, Climat à l’Institute for Climate Economics, lors d’un entretien avec EURACTIV.

Pour Marc Baudry, responsable du programme Prix du CO2 et Innovation bas carbone à la chaire Économie du Climat de l’université Paris Dauphine, on assiste à « un tournant dans la dynamique du prix du carbone » dues à plusieurs facteurs comme la mise en place de la réserve de stabilité, « qui a contribué à resserrer légèrement l’offre de quotas et, de ce fait, à faire remonter le prix ».

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