Après avoir animé notre Friday Lunch Meeting du 5 mai, Laurent Berger, Secrétaire général de la CFDT auteur de l’ouvrage écrit avec Pascal Canfin : « Réinventer le progrès », a accepté de répondre à 3 questions pour la Chaire…
Quelle place pour l’environnement dans « Réinventer le progrès » ?
Ecrire un livre sur le progrès n’était pas possible sans prendre pleinement en compte la transition énergétique et écologique. Notre vieux modèle de croissance est en panne. Nous savons que nous sommes sur une planète aux ressources limitées et que nous sommes en train de dépasser ses limites. Soit nous nous résolvons à l’idée que le monde de demain sera plus dur, plus chaotique, soit nous faisons le choix de ne pas subir et de réinventer notre vision du progrès. L’écologie est une chance à saisir pour sortir des vielles logiques dont on ne veut plus (le court-termisme, le productivisme,…) parce qu’elles ont épuisé l’environnement et les travailleurs. C’est une opportunité de refonder notre modèle de développement et de vivre mieux.
La transition écologique, levier ou frein au progrès social ?
La réussite de la transition écologique passe nécessairement par la prise en compte des questions sociales, de l’avenir des salariés et plus largement des aspirations des citoyens. Aucun effort ne sera accepté si nous ne construisons pas une société plus juste, où chacun trouve sa place. Avec les nouvelles contraintes climatiques, des emplois disparaitront mais beaucoup d’autres seront créés. Il faut accompagner les travailleurs dans ces mutations, leur donner les moyens de se former pour que chacun puisse prendre part à cette évolution et que personne n’en soit exclu. Face à ces nouvelles réalités c’est l’ensemble de notre modèle social qu’il va falloir renforcer. Révolution écologique et progrès social vont de pair. La transition ne doit pas être un luxe pour quelques-uns mais du progrès pour tous.
Qu’attendez-vous des chercheurs en économie du climat ?
Le rôle d’un syndicaliste c’est de s’assurer que les évolutions envisagées (techniques, financières, économiques..) soient justes socialement. Il est important de ne pas dissocier la recherche, les questions scientifiques des questions sociales. Quels impacts une innovation aura sur l’emploi, les conditions de travail, la santé, la sécurité des travailleurs ? La fiscalité est-elle équitable dans son prélèvement et sa redistribution, ne creuse –t-elle pas un peu plus les inégalités ? Ce sont des questions à prendre en considération si l’on veut que les transitions énergétiques et écologiques emportent l’adhésion d’un maximum de personnes.