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La Chaire a lu pour vous Energies renouvelables en Afrique subsaharienne de C. Kapseu, N. Djongyang, G. Elambo Nkeng, M. Petsoko et D. Ayuk Mbi Egbe

Publié le 27 juin 2022

Energies renouvelables en Afrique subsaharienne [1] de C. Kapseu, N. Djongyang, G. Elambo Nkeng, M. Petsoko et D. Ayuk Mbi Egbe.

La relecture des projets de société sous l’angle de leur durabilité a permis à l’Afrique de dépasser une analyse purement quantitative du développement et de dégager des principes et priorités thématiques claires. Parmi celles-ci, la sécurité énergétique. En effet, dans les prochaines décennies, l’Afrique doit nécessairement augmenter sa consommation énergétique si elle veut atteindre ses objectifs de développement. Simultanément, dans le processus de lutte contre le réchauffement climatique, il est important pour les pays du Sud de s’engager sur la voie d’un développement économe en émissions de gaz à effet de serre. C’est dans ce cadre que nos cinq co-auteurs présentent un panorama des énergies renouvelables, en se focalisant sur la zone Afrique.

Aussi appelées énergies vertes ou énergies propres, les énergies renouvelables désignent les formes d’énergie provenant de sources naturelles non épuisables : le soleil, le vent, la chaleur de la terre, les chutes d’eau, les marées et la croissance de végétaux. Cet ouvrage est consacré aux défis et opportunités qu’offrent les diverses filières des énergies renouvelables qui en découlent dans le contexte du continent africain.

Les auteurs abordent d’abord l’énergie hydroélectrique obtenue par conversion de l’énergie hydraulique de différents flux d’eau en électricité. Bien que l’hydroélectricité soit considérée comme une énergie propre et inépuisable, les impacts environnementaux varient avec le type et la taille de la structure mise en place : ils deviennent très importants s’il s’agit de créer des barrages et des retenues d’eau artificielles. Dans ce cas, on critique généralement la disparition des terres agricoles et de villages, ainsi que la perturbation du déplacement de la faune. Ce potentiel hydroélectrique demeure pourtant un important terreau favorable à l’électrification rurale. Rappelons que l’Afrique est sans doute le continent où les besoins en électricité sont les plus urgents. 65% de la population n’a pas accès à cette énergie qui est pourtant un outil essentiel pour atteindre les objectifs du millénaire pour le développement. Le continent africain est doté d’un potentiel hydroélectrique important estimé à plus de 436000 MW. Mais moins de 7% du potentiel hydroélectrique est actuellement exploité. Avec 7 grands fleuves, l’Afrique recèle 10% du potentiel hydroélectrique mondial qu’il est essentiel de développer pour l’électrification du continent.

La deuxième énergie évoquée dans l’ouvrage est l’énergie solaire, produite par le rayonnement du soleil (gratuit et inépuisable). L’Afrique a l’un des meilleurs climats pour ce type d’énergie. Utilisée depuis longtemps pour sécher les peaux d’animaux, le produit des récoltes et les vêtements, ou encore pour évaporer l’eau de mer et en extraire le sel, elle sert à petite échelle chez les particuliers. A plus grande échelle, elle est utilisée pour la production électrique et les télécommunications. Les études montrent que l’énergie solaire en Afrique possède un potentiel quantitatif qui lui permettrait de couvrir la plus grande partie des besoins énergétiques du continent. En dépit de ces conjonctions géographiques et des besoins pressants de la population, il est surprenant de constater que l’énergie solaire reste encore marginale. Comme le précisent les auteurs dans l’ouvrage, les pays africains doivent faire preuve de créativité dans le domaine.

L’énergie éolienne quant à elle est produite par des aérogénérateurs qui captent à travers leurs pales l’énergie cinétique du vent et entraînent un générateur produisant ainsi de l’électricité d’origine renouvelable. D’après les Statistiques de l’Agence Américaine de l’Energie, les principaux producteurs de l’éolienne en Afrique sont l’Egypte, le Maroc, la Tunisie et l’Afrique du Sud. La question du coût n’a pas découragé ces pays, qui lancent des projets pilotes et établissent des programmes de développement de l’énergie éolienne à l’intention du secteur privé. En dehors de ce cercle, au Sénégal par exemple, l’utilisation de l’énergie éolienne se limite presque exclusivement au pompage pour alimenter les hameaux et villages en eau potable. Même si ce pays ne dispose pas des meilleurs gisements éoliens au monde, il peut se targuer de disposer d’un potentiel éolien intéressant qui ne demande qu’à être exploité. L’énergie éolienne prend difficilement son envol sur le continent africain en raison de nombreuses barrières législatives, réglementaires, financières, économiques, techniques et d’ordre informationnel, que la Banque Africaine de Développement devrait surmonter.

Les auteurs présentent également la biomasse et la géothermie comme sources d’énergie à potentiel considérable, dont l’exploitation pourrait être salvatrice à l’Afrique.

Outre le fait qu’elles répondent à des préoccupations environnementales mondiales (désertification, gaz à effet de serre, etc.), les énergies renouvelables contribuent aussi à réduire les répercussions négatives du système énergétique sur l’environnement local et régional. Elles sont particulièrement pertinentes dans les zones rurales où l’approvisionnement en énergie et les technologies utilisées pour la cuisine et le transport méritent une attention particulière. Pour l’Afrique en général, les perspectives des énergies renouvelables sont intéressantes car le contexte est favorable. A ce propos, les prévisions de l’Agence Internationale pour les Energies Renouvelables indique qu’avec des moyens appropriés, les énergies renouvelables pourraient représenter jusqu’à 67% de la production d’électricité en Afrique subsaharienne d’ici 2030. Mais comme d’autres secteurs de l’économie, le secteur des énergies renouvelables se heurte à des obstacles majeurs à l’investissement. Des réformes sont donc nécessaires tant dans le secteur public que dans le secteur privé, en faveur des stratégies de développement de ces énergies.

« L’Afrique sait où elle doit aller. La grande question est de savoir comment. Et plus précisément : quel est le mix énergétique le plus économique qui puisse être construit pour fournir toute la nouvelle capacité électrique nécessaire? »*

*https://afrique.latribune.fr/think-tank/tribunes/2022-03-19/une-adoption-massive-des-energies-renouvelables-en-afrique-menera-a-des-milliards-de-dollars-d-economie-906186.html

Zélie Gankon, doctorante, Normes sociales et régulations environnementales dans les pays émergents.

[1]  Kapseu C.,  Djongyang, N., Elambo Nkeng, G. , Petsoko, M. , Ayuk Mbi Egbe, D., 2012, Energies renouvelables en Afrique subsaharienne, Edition Harmattan Camerou.