Points de vue

« Projet Hercule : EDF peut-il conserver un monopole en France et profiter de la concurrence ailleurs ? »

Publié le 03 février 2021

Extrait de l’article de Julien Rapegno dans La Montagne.

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Baptisé Hercule, le projet de dissocier les rôles de producteur, de distributeur et de fournisseur d’électricité d’EDF provoque un tollé syndical et politique. Au nom du service public et de la souveraineté énergétique. Mais ce débat franco-français occulte le fait qu’EDF est aussi un opérateur international, qui a largement profité de la libéralisation des marchés de l’énergie. 

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EDF, un groupe mondial 

Anna Creti, chercheuse en économie de l’énergie (Paris-Dauphine, Polytechnique, Berkeley) invite à dépasser ce débat franco-français : « EDF est aussi un groupe mondial qui a bien profité de la concurrence dans d’autres pays. La réciprocité est inévitable ». En outre, poursuit la chercheuse : « une structure du capital moins lourde permettra au groupe EDF d’acquérir plus d’agilité et de faire des investissements qui transformeront la partie carbonée de sa production, qui se situe d’ailleurs plutôt à l’étranger ».

Le projet Hercule est « inévitable » car c’est une transformation qui est « différée depuis trop longtemps », pour Anna Creti. Les autres pays européens ont joué le jeu de la dissociation entre producteurs et fournisseurs d’énergie, la France maintient une « asymétrie » qui fausse le jeu de la concurrence.

C’est ce que martèle Marc Boudier : « Il faut dissocier la branche commerciale d’EDF de la branche production. Le projet Hercule ne tient pas la route si perdure une inégalité de traitement sur le prix d’achat de l’électricité entre la branche d’EDF qui la commercialise et les autres fournisseurs. Les activités concurrentielles ne doivent pas être mélangées avec le distributeur Enedis, qui a vocation a accueillir tout le monde sur les réseaux qu’il exploite ».

La professeure de Paris-Dauphine et de Berkeley espère qu’Hercule ne passera pas en force.

« La question c’est plutôt de minimiser ces coûts de cette transition. En ménageant les employés, les consommateurs. Afin que ce soit le moins violent possible ».

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Depuis 2004, l’arrivée d’autres opérateurs n’a jusqu’ici pas fait baisser les prix de l’électricité en France mais, aujourd’hui, le maintien du pouvoir d’achat peut-il primer sur l’enjeu climatique ? « Décarboner l’énergie, ce n’est pas gratuit. Demain, nous paierons de toute façon l’électricité plus cher », avertit Anna Creti.

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