Interviews

3 questions à Dominique Bourg

Publié le 27 juin 2018

Dominique Bourg est philosophe et professeur à l’Université de Lausanne. Il a codirigé, avec Alain Papaux, le dictionnaire de la pensée écologique (Puf), et pilote la collection « L’écologie en questions » ainsi que la revue en ligne « La pensée écologique ». Il est également vice-président de la Fondation pour la nature et l’homme (FNH).

Il a présenté lors d’un Friday Lunch Meeting de la Chaire en date du 1er juin son livre co-écrit avec Christian Arnsperger  « Ecologie intégrale : Pour une société permacirculaire ».

Comment peut-on mesurer la circularité d’une économie ? 

Dans l’idéal une économie circulaire serait une économie sans activités extractives et minières, et donc sans consommation de ressources non renouvelables. Ce qui implique que les autres critères soient satisfaits.

L’économie circulaire étant un domaine à critères multiples, comment faire en sorte que les enjeux ne se limitent pas au recyclage ?

Une économie qui recyclerait 100 % des ressources métalliques consommées, ce qui est impossible, ne serait pas pourtant autant circulaire. En dépit d’un tel record, une économie en croissance continuerait à exiger de compléter la part recyclée par de nouvelles ressources, extraites des sous-sols. Par ailleurs, le critère ultime étant l’insertion dans le cadre des limites planétaires, et le respect des limites de capacités de charge de la planète (empreinte écologique 1 planète), l’économie circulaire doit être comprise comme une dynamique au long cours de retour vers l’espace de sécurité des limites planétaires.

Le gouvernement vient de publier sa feuille de route. Quel regard portez-vous sur cette initiative? 

La feuille de route gouvernementale contient de menues mesures allant dans le bon sens , mais en rien l’amorce d’un changement de cap de nos économies vers la circularité (exemples de légères avancées : « incorporer davantage de matières premières issues du recyclage dans les produits tout en assurant leur qualité, leur traçabilité et une réelle sécurité pour les citoyens : Susciter, d’ici l’été 2018, des engagements volontaires concrets et significatifs visant à organiser une ambition de filière, incluant des objectifs de volumes d’intégration de matière plastique issue de déchets dans les secteurs suivants : l’emballage, le bâtiment, l’automobile ou les équipements électroniques et électriques. Pour ce faire,… »; ou : « Pour rendre moins coûteuses la prévention et la valorisation des déchets dans le cadre du service public de gestion des déchets, réduire le taux de TVA à 5,5 % pour la prévention, la collecte séparée, le tri, la valorisation matière des déchets. Cette réduction couvrira également l’acquisition de sacs biodégradables et compostables conformes aux normes en vigueur destinés à la collecte séparée des bio-déchets et l’acquisition de solutions techniques de compostage de proximité ; Mener, dans le cadre de la conférence nationale des territoires, une concertation sur le projet d’augmentation des tarifs de la composante « déchets » de la TGAP et ses modalités. »).