Par Vincent Bertrand
La co-combustion de biomasse dans les centrales charbon est devenue très populaire aux États-Unis depuis 2014 et les premières annonces autour du Clean Power Plan de l’administration Obama. Paradoxalement, l’intérêt pour cette stratégie perdure sous l’administration Trump, en dépit de l’hostilité affichée vis-à-vis des politiques climatiques. Cela s’explique par l’impact positif de la co-combustion en termes d’emplois dans les industries du charbon et de l’exploitation forestière. Un livre blanc publié récemment aux États-Unis propose au Président Trump de mettre en place des politiques pour stimuler la co-combustion afin de soutenir les industries du charbon et de l’exploitation forestière, en crise depuis la révolution du gaz de schiste et le déclin constant de la demande de papier. La réduction des émissions de CO2 induite ne serait alors qu’un coproduit dont l’intérêt résiderait dans la possibilité de pouvoir éventuellement revenir à une politique climatique plus ambitieuse pour les États-Unis dans le futur, si l’on ne s’éloigne pas trop des trajectoires décidées lors de la COP 21. Cette stratégie n’est cependant pas sans risque pour le climat à long terme, si les mesures adoptées conduisent à l’éviction par le charbon de technologies non-carbonées et renouvelables. De façon générale, toute politique visant à promouvoir de manière spécifique la co-combustion comporte le risque de pénaliser les technologies non-carbonées et accroître les émissions de CO2 à long terme. Des études récentes montrent que ce risque existe en Europe.
Voir également l’article États-Unis : associer bois et charbon pour produire de l’électricité, une solution risquée ? dans The Conversation