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Et si le changement climatique nous aidait à sortir de la crise ?

Publié le 08 mars 2012

 

 Et si le changement climatique nous aidait à sortir de la crise ? : Idées reçues sur l’action contre le changement climatique, par Anaïs Delbosc et Christian de Perthuis, Editions Le Cavalier Bleu.

L’anticipation qu’une crise climatique de grande ampleur se profile à l’horizon avec le rejet de quantités croissantes de gaz à effet de serre* dans l’atmosphère est maintenant largement partagée. Partout, elle est confortée par les grandes institutions scientifiques. Et même si les avis de l’Académie des sciences sont moins commentés au vingt-heures que le dernier ouvrage de Claude Allègre, leur influence est plus pérenne. Nous savons qu’il y a urgence à reprendre la main sur les trajectoires d’émission de gaz à effet de serre.
Malgré cette prise de conscience des opinions publiques, la négociation internationale piétine. Les élans fondateurs du Sommet de Rio de 1992 et du protocole de Kyoto* en 1997 n’ont pas produit les résultats escomptés. Les sommets climatiques sont devenus des marathons au long cours dans lesquels experts et politiques dépensent leur énergie à trouver des formules permettant de sauver la face, tout en repoussant à plus tard les véritables engagements : 2020, dans le meilleur des cas, si l’on s’en remet au calendrier défini à la conférence de Durban en décembre 2011.
Le citoyen ordinaire n’est du reste plus vraiment intéressé par ces conclaves climatiques. Les marathons qui comptent désormais sont ceux où on tente de sauver le triple A (AAA) et l’Euro : leur réussite conditionne directement le niveau de vie et l’emploi. Dans les débats politiques, l’économique et le social ont envahi tout l’espace. Exception qui confirme la règle en Europe : le débat sur la place du nucléaire dans la production électrique. Au-delà des formules conventionnelles, la crise climatique a été sortie du débat public par l’ampleur de la crise économique : l’urgence est de renflouer banques et États, minés par l’accumulation des endettements. Quand les choses iront mieux, peut-être disposera-t-on de plus de moyens pour s’occuper de la machine climatique déréglée, elle, par l’accumulation des émissions de gaz à effet de serre !
Il n’y a pas qu’en Europe qu’économie et climat ne font pas bon ménage. Aux États-Unis, l’arrivée de Barack Obama, au départ très favorable à une action face au changement climatique, avait ouvert de grands espoirs après huit années de présidence Bush. Ses tentatives de passage à l’acte se sont enlisées au Congrès : les élus américains sont convaincus que le coût de l’action face au changement climatique serait rédhibitoire pour la plus grande économie du monde en l’absence de mesures comparables dans les pays émergents.
Et du côté des pays émergents, comment voit-on les choses ? De la même façon. Sortir des centaines de millions de personnes de la pauvreté constitue la vraie priorité. À Mumbai, capitale économique de l’Inde, le quart de la population vit dans des bidonvilles, tel celui de Dharavi où s’entassent près d’un million de personnes. Leur donner accès à un logement décent connecté à l’électricité et à un réseau d’assainissement passe avant toute chose. Cet objectif mérite bien qu’on construise vite quelques centrales électriques au charbon dont la nature a par ailleurs généreusement doté le pays !

Plus d’information sur le site du Cavalier Bleu.