Par Simon Quemin et Raphaël Trotignon
Un ensemble de réformes vient d’être adopté au niveau européen pour définir les règles de fonctionnement du marché carbone à l’horizon 2030. A partir d’une version refondue du modèle ZEPHYR, ce Policy Brief présente une évaluation des impacts de ces réformes sur le prix des quotas et les réductions d’émissions. Quatre messages principaux en ressortent :
- La coexistence d’un prix du carbone faible et d’une quantité élevée de quotas inutilisés s’explique par une baisse non anticipée de la demande de quotas entre 2008 et 2017 due à la dégradation de la situation économique et du succès de politiques, non coordonnées avec la gestion du marché, de soutien aux renouvelables et, dans une moindre mesure, d’incitation à l’efficacité énergétique.
A ceci s’est ajouté un choc d’offre résultant de l’utilisation rapide du nombre maximal de crédits Kyoto autorisés. - En plus du renforcement du facteur annuel de réduction du plafond, les réformes adoptées conduisent à une forte diminution de l’offre de quotas par la réserve de stabilité sur la période 2018-2030 (entre 2,8 et 3,7 milliards). Ceci entraine un net redressement du prix du carbone (en moyenne 25€/tCO2 et 38€/tCO2 en 2020 et 2030, contre respectivement 9€/tCO2 et 13€/tCO2 dans une situation sans réforme). Cette remontée sera plus forte si les entreprises anticipent dès le début de la période les effets induits par la réforme, mais plus faible dans le cas où elles corrigeraient graduellement leurs anticipations.
- La mise en place de la réforme devrait entraîner une baisse des émissions du périmètre couvert de l’ordre de 50% en 2030 par rapport à 2005. Cette baisse, supérieure aux objectifs précédemment affichés, suggère qu’il existe un réel potentiel de réévaluation de l’ambition climatique européenne à des coûts relativement modestes.
- L’une des vertus prêtées à la MSR par les autorités européennes serait sa capacité à contrôler les impacts de chocs externes non anticipés tels que ceux ayant affecté le marché depuis 2008. Dans les deux scénarios que nous avons testés, cette capacité stabilisatrice de la réserve apparaît des plus limitées.