By Raphaël Olivier
Mettre un prix sur ses propres émissions de carbone est une pratique émergente dans les grandes entreprises. Les applications concrètes de cette démarche volontaire sont toutefois hétérogènes, d’où l’intérêt de la catégoriser conceptuellement.
Ainsi, cet article commence par clarifier la relation qu’entretient le prix interne du carbone (PIC) à la théorie économique. Les différentes dimensions du pricing du carbone sont distinguées à partir d’une matrice interne-externe, implicite-explicite, et de quatre dimensions indicatrices. Avant de présenter un état des lieux actualisé des pratiques des entreprises, il propose d’opérer un retour historique sur les dynamiques institutionnelles qui ont concouru à la mise en place croissante de PIC.
Des premières démarches volontaires au Protocole de Kyoto, les firmes ont d’abord appris à manipuler le PIC via la compensation carbone. L’éventail des formes de PIC s’est ensuite peu à peu déployé. La COP21 et ses initiatives associées ont d’ailleurs constitué de véritables accélérateurs. Finalement, l’article examine dans quelle mesure cet outil permet de gérer stratégiquement, dans un contexte incertain et selon les secteurs d’activité, différents risques-carbone (principalement réglementaire et fiduciaire) et opportunités bas-carbone.