Climate & Debates

[🇫🇷] Efficacité énergétique, rénovation, consommation d’énergie : un regard nouveau

Published on 27 November 2024

Only available in French.

Par Marc Baudry, Edouard Civel et Anna Creti.

JEL Codes : Q41, Q48, C18, D12

Deux travaux de recherche originaux nous permettent de contribuer au dĂ©bat sur l’efficacitĂ© Ă©nergĂ©tique : une analyse agrĂ©gĂ©e (i.e. mĂ©ta-analyse) de la littĂ©rature acadĂ©mique sur les rĂ©novations Ă©nergĂ©tiques et une Ă©tude empirique de la consommation rĂ©elle d’énergie des maisons françaises.

Notre méta-analyse des études menées sur les rénovations énergétiques sur différents pays (essentiellement Europe et Amérique du Nord) démontre que :

  • Les travaux de rĂ©novation Ă©nergĂ©tique gĂ©nèrent une rĂ©duction statistiquement significative de la facture d’énergie des mĂ©nages. Ainsi, pour des travaux de rĂ©novation Ă©nergĂ©tique d’un montant de 3 970 €, la mĂ©ta-analyse prĂ©dit une rĂ©duction de 11,6 % de la facture.

Notre Ă©tude empirique permet une analyse en coupe de la consommation rĂ©elle d’énergie de plus de 130 000 maisons en France. Si une dispersion très importante des consommations rĂ©elles est constatĂ©e pour un mĂŞme besoin annuel en Ă©nergie finale tel que calculĂ© par le Diagnostic de Performance ÉnergĂ©tique (DPE), l’Ă©tude met en Ă©vidence une Ă©volution en « S » de la consommation rĂ©elle moyenne au regard de la performance :

  • Les maisons dont le DPE prĂ©dit une meilleure performance, majoritairement des logements classĂ©s A, B et C, ont logiquement les consommations d’énergie rĂ©elles les plus faibles de l’échantillon. Lorsque la performance se dĂ©grade, la consommation rĂ©elle moyenne d’Ă©nergie finale augmente fortement. Enfin, cette consommation continue d’augmenter mais beaucoup plus modĂ©rĂ©ment pour les logements les moins performants (majoritairement des classes E, F et G), menant Ă  cette courbe en « S ». Cette saturation peut notamment ĂŞtre expliquĂ©e par la contrainte budgĂ©taire des mĂ©nages.
  • L’amĂ©lioration de la performance Ă©nergĂ©tique des logements peu performants a donc paradoxalement un effet marginal croissant sur la rĂ©duction de la facture Ă©nergĂ©tique. Dans le cadre de rĂ©novations par gestes, les gains initiaux de performance Ă©nergĂ©tique seraient essentiellement convertis en rattrapage de confort par les mĂ©nages qui Ă©taient dans une situation de forte restriction (mĂ©canisme identifiĂ© sous le nom de “prebound effect” dans la littĂ©rature). En revanche les rĂ©novations dites lourdes ou performantes, vont permettre des gains substantiels sur la consommation d’énergie rĂ©elle.

Pour s’assurer de l’efficacitĂ© de la dĂ©pense publique, si les aides Ă  la rĂ©novation ont pour objectif la baisse des consommations Ă©nergĂ©tiques et des Ă©missions de gaz Ă  effet de serre, alors elles doivent cibler en prioritĂ© la rĂ©alisation des rĂ©novations permettant d’atteindre Ă  terme la classe B du DPE, et chez des mĂ©nages en situation de prĂ©caritĂ© Ă©nergĂ©tique, ce qui permet de rĂ©pondre au double enjeu de transition Ă©cologique et juste.

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